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Le Petit Jésus a disparu, Jolicoeur prend les choses en mains !

L’abbé arriva sur la place de l’église (officiellement la place de la laïcité) et sortit son mégaphone afin d’être audible au-delà du pâté de maisons.

« Qui est le salopiot qui a piqué le Petit Jésus de 1834 !? Quiiiiiiiiiiiiiiii ? » Gueula-t-il.

Le maire qui ronflait à cette heure tardive de la matinée, en attendant que les adjoints arrivent pour le dernier conseil municipal de l’année, en tomba de la chaise (de bureau). La secrétaire de mairie, et son patron se ruèrent sur le parvis de la mairie pour constater que l’abbé était rouge pivoine, entouré des deux grenouilles en jaune vif qui lui servaient de secrétaire et de chauffeuse (conductrice, hein, pas de chauffage). 

« On a piqué le Petit Jésus à moins de quatre jours de sa naissance ! » Hurla l’homme de Dieu.

« C’est un blasphème ! » Renchérit une des grenouilles.

« Oh, là, là, là » Cria le second batracien. 

« Ben, il n’est pas encore né, on est dans les temps pour le trouver, non ? » Tenta le maire qui avait d’autres préoccupations.

« Mais c’est une pièce essentielle de notre crèche, et là, on fait quoi ? On met un poulet à la place ? » S’enquit l’abbé en secouant la tête de manière frénétique.

« Qui a pu faire cela ? C’est un outrage ! » Lança la grenouille secrétaire.

« On peut toujours vous fournir un santon républicain ! » Répondit la secrétaire de mairie, avec un sourire sardonique… tout le monde sachant qu’elle prêchait pour une vraie séparation entre l’église et l’Etat.

« Le Petit Jésus ne peut pas être remplacé ! C’est le fils de Dieu, bordel ! » S’époumona l’abbé en se contristant immédiatement « Je suis mauvais, Seigneur, pardonnez-moi ! ».

« On peut peut-être demander à la population, lors du goûter du père-noël si quelqu’un a un Jésus en plus dans ses cartons » Proposa le maire qui voyait ses adjoints arriver en mode « vacances, j’oublie tout ».

« Ah, non, alors, la dernière fois ce sont les maboules qui ont déboulé avec un Jésus façon Lénine… l’Evêque a moyennement apprécié ! » Couina l’abbé qui ne savait plus à quel Saint se vouer.

« Moi je peux en fabriquer un, je suis habile de mes mains » Dit Jolicoeur, de retour dans le village.

« Ah, M’sieur Jolicoeur, si vous pouviez nous faire un truc un peu ressemblant ! » Plaida le maire.

« Un truc ? Le fils de Dieu, bordel de merde ! On parle du fils de Dieu… pas d’un vulgaire paysan ! M’sieur Jolicoeur, si vous arrivez à nous faire un petit Jésus, le Seigneur vous le rendra » Répondit le prêtre au bord du malaise.

« Il me faut un cahier des charges strict, afin que je puisse faire preuve de création tout en respectant l’original » Demanda Jolicoeur aussi fier d’Artaban. 

« Heu, si je puis me permettre, c’est une banale reproduction d’une image sainte qu’il faut faire, pas un Braque ou un Picasso période Cubisme ! » Soupira la grenouille 2.

« Je sais qui est Jésus, je vous signale… mais je le mets sur la croix ou pas ? » Questionna Jolicoeur.

« La croix ? » Se gaussa la secrétaire de mairie « il n’est pas rendu le cureton avec un zoizo pareil ! ». 

« M’sieur Jolicoeur, à noël, c’est un bébé… il n’est sur la Croix qu’à Pâques ! » Précisa le curé au bord du malaise.

« Ils ont crucifié un enfant ? » Couina Jolicoeur alors que Trois et Cousin Edmond arrivaient sur la place alertés par les cris des grenouilles.

« Joliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiicoeur ! » Hurla Trois en se jetant dans les bras du revenant.

« Alors mon garçon, on a trouvé sa voie ? » Demanda Cousin Edmond, tout en serrant la main du maire.

« On a perdu le petit Jésus ! » Plaida le curé.

« Et ? Ça va empêcher la tenue de notre chorale ? » Dit Cousin Edmond en souriant à la secrétaire de mairie (un ancien flirt, disait-on).

« A minuit, on ne pourra pas célébrer la naissance du Christ ! » Pleura la grenouille secrétaire.

« Et nous allons être la risée du canton » Renchérit la grenouille voiturée.

« On trouvera bien un poussin à placer dans la crêche, non ? » Proposa Trois, fière de sa solution.

« Ils me commandent un Jésus » Expliqua Jolicoeur.

« Bon, bon, tant qu’il n’est pas en mie de pain comme au dernier noël smalien… on est bons ! » Rit Cousin Edmond en voyant le curé virer chantilly.

« Un poussin ? » Lança l’abbé, au bord du gouffre.

« Vous préféreriez un porcelet ? » Répondit Trois, sérieuse.

Au moment où le curé allait répondre (et s’évanouir pour de bon), Jamie-hinceonnesaitplus interpela le troupeau du haut de la salle d’armes – où il prenait des photos (paraît-il !) :

« J’ai trouvé le petit Jésus… il est tout noir avec le cul blanc, c’est normal ! ».

Aux dernières nouvelles, les gendarmes ont été saisis, et se fendent la poire tous les soirs au débrief. 

La Préfecture a dépêché un chargé de mission pour auditer l’impact sur « la population païenne mais chrétiennement impliquée » et le Maire a payé sur ses deniers personnels « le ravalement de façade du Petit Jésus » pour avoir la paix chez lui (oui, une des grenouilles est son épouse).

Quant à la Smala, la veillée de noël a été un grand triomphe grâce à l’interprétation de Jolicoeur et de son « Pas de Boogie Woggie » lors du dépôt du petit Jésus (sans lange, un oubli de l’artisan).

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Episode suivant : Premier repas entre commun et un discours de vœux endiablé !

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