Après deux incursions à la Fiesta des Sud (avec Afrika Express, notamment), revoici Damon Albarn♥, avec ses comparses de The Good The Bad & The Queen, dans l’enceinte, cette fois majestueuse des jardins du Palais Longchamp pour une soirée de Marseille Jazz des Cinq Continent qui rassemble à chaque année des artistes que cela soit au Palais Longchamp, au théâtre Silvain ou au Mucem.
Le Palais Longchamp, pour ceux qui ne connaissent pas, fut édifié à partir de 1862 pour célébrer l’arrivée des eaux de la Durance à Marseille (via le canal de Marseille). L’architecte en charge était Henri-Jacques Espérandieu ; achevé en 1869, il abrite, sous sa colonnade circulaire, deux musées, celui des Beaux-Arts (à gauche) et le Museum d’Histoire Naturelle (à droite). Longtemps jardin zoologique (jusqu’à 1987), les jardins accueillent l’Observatoire de Marseille.
Il faut dire que ce combo est largement à sa place dans la programmation du jazz rassemblant en son sein des légendes de la musique : Tony Allen, Paul Simonon et Simon Tong.
Ce soir de juillet, alors que la ville se remet doucement d’un épisode de canicule torride, la douceur (chaude) des lieux sied parfaitement à la voix si particulière de Damon, aux baguettes de Tony, et aux touchers de Paul et Simon.
Vous me pardonnerez de les appeler par leurs prénoms mais, dans le cadre intime de ce festival (un brin bobo, quand même), partiellement assis dans l’herbe, le nez dans les étoiles, la bouche au bord du Salad Bowl, on a dégusté la set-list avec bonheur.
Il y a des bulles de bonheur musical de temps à autre et ce diablotin blurien (oui, n’oublions pas qu’il est, toujours, le chanteur de Blur) sait charmer l’auditoire, faire passer ses messages (contre le Brexit) et, il a la nostalgie communicative.
Avant son arrivée, Raphaël Imbert et ses musiciens avaient entamé la soirée entre jazz et blues avec un invité de marque, Eric Bibb ; Autant le côté Jazz était intéressant, mais ce fut réellement un enchantement avec l’arrivée de ce bluesman incroyable !
Car si le premier album du groupe était une sorte de carte postale d’un Londres un brin mystérieux, le second album met la barre plus haut en évoquant un passé jamais vécu, celui d’un Merrie Land, une terre magnifique, trahie, oubliée, qui n’a, peut-être même, jamais existée.
La scénographie est sombre mais adaptée quoique surprenante (deux abat-jours, deux marionnettes flippantes etc.) !
A quoi s’attendaient les spectateurs ? Personne n’y sait rien… mais à les entendre applaudir et hululer de bonheur, c’était un peu le graal de leur semaine…
La chaleur du combo additionnée à celle de la soirée promettait une belle manifestation… et elle fut belle (même avec les cigales au chœur !).
En vrai leader, front-man et animateur tous terrains, Damon Albarn sait comment retourner une salle, un lieu et se mettre dans la poche un public acquis ou pas (même avec l’estomac lourd). Il suffit de l’entendre appuyer le « in France » sur Nineteen Seventeen pour le comprendre.
Vous pourrez me dire que je ne suis pas objective (en tant que fan de Blur depuis mars 1990) mais je suis toujours étonnée et éblouie par les divers projets de Damon. Là, encore, il dénonce l’état de son pays, du nord de l’Angleterre, de l’incompréhension de certaines compatriotes devant un tel mauvais spectacle et n’oublie pas de lancer la balle pour y réfléchir sérieusement ; il avait de quoi hier avec la nomination du nouveau Premier Ministre britannique.
Un set rodé, de quasiment deux heures avec de la douceur et de la force, de l’engagement et le charisme qui va avec.
Alors, je pense qu’il gardera un bon souvenir de ce festival qui a, le même soir, mis sur scène des groupes inclassables mais dévoués à leur art… Après, la question du soir fut : « mais où ont-ils mangé leur bouillabaisse ? » (mentionnée par Damon).
SETLIST
Introduction
Merrie Land
Gun to the Head
Nineteen Seventeen
The Great Fire
Lady Boston
The Truce of Twilight
Ribbons
The Last Man to Leave
The Poison Tree
History Song
Herculian
80’s Life
The Bunting Song
Nature Springs
Herculean
A Soldier’s Tale
Three Changes
Encore
Northern WhaleKingdom of Doom
Green Fields
The Good, The Bad & The Queen
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Merci à Marseille Jazz pour l’accueil et la confiance d’une accréditation !