Depuis la veille, Suprême avait ressorti le livre préféré de Trois.
En effet, sous la couette, ils avaient décidé de « passer le temps » à visionner un film… avec « un beau garçon » (Sean Connery pour Trois) et « un fond historique réel » (guerre froide pour Suprême)… le film(1) choisi avait eu tellement d’impact sur les deux vieux jeunes mariés que le lendemain, Suprême avait entrepris de faire plaisir à Trois…
Dès le petit-déjeuner, la discussion était lancée sous l’œil effaré de Quatre qui voulait juste « manger sa tartine avec de la pâte à tartiner en couche épaisse ». Ledit Quatre qui envoya un message sur le groupe Whatsapp privé des « maboules » regroupant Deux, Lord et Bibi : « Ramenez vos postérieurs, y’a Trois qui fait sa révolution ! ».
« Dis, mon pommier, tu savais que le copain Winston avait dit que le bolchevisme n’est pas une politique mais une maladie, une épidémie, la pire, la plus destructrice, la plus dégradante(2)? » Demanda Suprême en reprenant un petit Lu®.
« Ce brave Winston, toujours un peu aigri ! » Répondit Trois qui secouait la tête version Bourriquet.
« Allons, allons, mon marshmallow, il nous a sauvé les fesses le Britboy ! » Répliqua Suprême en replongeant dans son livre.
« C’est sûr que c’est pas ce nabot de Joseph qui aurait sorti une telle tirade ! » Râla Trois.
« Ah, tu ne vas inclure ce pervers dans la discussion ! La révolution d’Octobre 1917, c’était autre chose que les discours de propagande de cet imbécile » S’emporta Suprême.
« Il a quand même dit, ce nain, que la lutte contre le bolchevisme mondial était le but principal de l’Allemagne(3) ! Deux baffes, oui ! » Dit Trois en soufflant bruyamment.
« Allons, allons, mon canari des îles, va pas t’énerver ! La Révolution d’Octobre a été un évènement d’une portée immense ! » Déclara Suprême en piquant dans le pot de pâte à tartiner de Quatre.
« Historique ! Universelle ! » Gueula Trois « Ce fut un lueur pour les travailleurs ! ».
« Oui, oui, mon prunier sauvage, mais bon, il y avait quelques petits détails un peu, comment dire, sordides ? »
« Tout le pouvoir aux Soviets ! » Cria Trois en brandissant sa serviette de table… rouge !
« Lénine ! » Dit Suprême tout fier de sa réponse.
« Mon Suprimimimou, tu es tellement intelligent !! » Minauda Trois en lui beurrant une tartine (avec le beurre salé de Quatre qui pestait sur Whatsapp « p’tain, elle pique dans mon beurrier ! V’nez sinon je les trucide au couteau à beurre ! »).
« Il n’empêche mon pruneau tout mou que tes Soviets, c’était tintin pour la tranquillité d’esprit ! » Répliqua Suprême qui lisait un passage sur les goulags.
« Z’avez pas qu’à être méchant avec le Chef ! On suit toujours ce que dit le Chef ! » Grogna Trois en subtilisant la tartine de Quatre…
« Mais heuuuuuuuu » Couina Quatre en lançant un dernier message sur le groupe (« Si vous v’nez pas, j’engloutis les derniers Palmitos avec des bords en chocolat ! »), ce qui eut pour effet de décider les trois autres maboules à se mouvoir vers la cuisine alors que Trois hululait à la mort après la tirage de Suprême.
« J’accuse la puissance soviétique. Et je lui fais reproche de ce que, la claire jeunesse qui fut la mienne, en leurs combats, je ne l’ai pas trouvée(4) ! » Clama Suprême !
« « Il n’est pas difficile de gouverner la Russie, mais c’est inutile(5) ! » Dit Trois.
« T’es Tsariste, mon pommier ? » S’inquiéta, soudain, Suprême.
« Oh mon dieu, non ! Je suis une révolutionnaire, moi, Môssieur Suprême ! Le travail n’épouvante que les âmes faibles(6) ! » Répliqua Trois, outrée.
« Tu cites le Roi Soleil ? Pommier, tu vires royaliste, là ! » Demanda Suprême, subjugué.
« Mon soleil, c’est toi mon Suprimoumomououomumouuouu d’amour… toi et Ernesto ! La Patrie ou la mort(7) ! » Hurla Trois en se lovant contre Suprême qui en fit tomber sa tartine…. Côté tartiné !
« La loi de Sophie(8) ! Bien fait ! » Souffla Quatre en voyant débarquer Deux, Bibi et Lord en renfort.
« C’est quoi ce hurlement ? » Demanda Bibi à Trois.
« Nous révisons les bases de la révolution ! » Répondit Trois toute fière.
« A grand coup de hurlement révolutionnaire ? » Questionna Lord.
« Nous sommes en pourparlers avec ton papounet d’amour, mon Bibi chéri à moi… Nous sommes sur le point de faire une contre-évolution » Dit Trois.
« Heu, révolution, mon pommier, révolution » souligna Suprême les yeux plein d’admiration.
« Ce qui est faible triomphe de ce qui est fort ; ce qui est mou triomphe de ce qui est dur (9)» Répliqua Quatre sous le regard halluciné de Suprême.
« Comment qu’il connaît Lao-Tseu, lui, il ne sait pas reconnaître la droite de la gauche ? » Interrogea Suprême en regardant Lord connu pour être un fan de Lao-Tseu.
« Victoriae mundis et mundis lacrima. Bon, ça ne veut absolument rien dire, mais je trouve que c’est assez dans le ton(10) » Répondit Quatre en sortant de la pièce, outragé.
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- A la poursuite d’Octobre Rouge de John McTiernan – 1990.
- « Le bolchevisme n’est pas une politique mais une maladie. Pas une foi, une épidémie. De toutes les tyrannies de l’histoire, elle est la pire, la plus destructrice, la plus dégradante… Ils anéantissent toute forme de civilisation, comme de féroces Babouins sur les ruines de leurs villes et les cadavres de leurs victimes. Ce sont des ennemis de l’humanité, il faut à tout prix les écraser”. Le ton est donné. Il ne cessera jamais.».
- « La lutte contre le bolchevisme mondial est le but principal de la politique allemande » Joseph Goebbels – 1937.
- Sergueï A. Essenine « La Russie des partants » – 1924.
- Alexandre II.
- Louis XIV.
- Che Guevara – déclaration à l’ONU le 11 décembre 1964.
- Murphy…
- Lao-Tseu « Tao tö King » – 1967.
- Roi Loth – Kaamelott, Livre IV, Le désordre et la nuit (Merci M. Astier).