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Les travaux dans le trou du cul du monde !

Après une dizaine de réunions houleuses où la Gendarmerie avait été appelée pour séparer les participants, l’entreprise en charge d’effectuer les trous par lesquels passeraient les tuyaux, câbles et autres joyeusetés électriques ou fluviales, arrivera sur site. 

Il faut dire que suite à une énième loi territoriale qui avait mis le pays à feu et à sang, le sénat en émoi et l’Assemblée en mode Che Guevara, toutes les communes de France (Navarre et au-delà de la Galaxie) devaient être raccordées à la Fibre 12G, au tout-à-l’égoûttoutégoutté, et au fournisseur officiel d’Energie renouvelable (et forcément hors de prix).

Le conseil municipal avait donc voté les tarifs, les dates d’intervention et avait validé un appel d’offres pour choisir l’entreprise en charge des travaux.

Dès le premier jour, le premier adjoint fut débordé par tous les côtés et dut appeler le maire devant l’ampleur des remontées « hostiles » des habitants du trou du cul du monde.

En effet, sans prévenir personne, l’entreprise avait sous-traité le creusement des tranchées et autres gouffres pour :

  1. Enterrer les lignes téléphoniques,
  2. Enterrer les lignes électriques,
  3. Dérouler la fibre et les nœuds obligatoires aux connexions,
  4. Passer les tuyaux pour les eaux usagées, changer les compteurs individuels et raccorder les tabourets pour l’assainissement,
  5. Faire un trou pour reboucher l’autre (et emmerder le monde).

À ce petit jeu, le village ressemblait à Verdun après la bataille avec option parcours de golf version 100 trous. L’hystérie avait gagné les habitants quand Trois avait émis l’idée d’aller au marché dans le trou du cul d’à-côté avec les donzelles du bourg. À peine sorties de leurs habitations, toutes avaient buté sur le haut des tranchées et s’étaient retrouvées le nez dans le gravier (et le cul par-dessus tête). Au petit jeu du hurlement, Trois avait gagné, ex-aequo avec la mère du maire qui avait été poissonnière dans un temps ancien.

Suprême, alerté (mais pas alerte), avait surgi tel un éléphanteau pour sauver sa truie de la honte terreuse mais s’était encastré dans le travailleur à la pelle qui roulait une cigarette en attendant que son collègue, qui maniait la pelleteuse, arrête de chercher du pétrole. 

Le pugilat avait duré trois heures entre les contremaîtres, les ouvriers, les adjoints aux maires, les maris énervés (par leurs moitiés qui les menaçaient de représailles intimes) et lesdites victimes qui avaient saisi la gendarmerie du coin…

Après un arrêté municipal enjoignant les habitants à rester chez eux (et après livraison de victuailles et packs d’eau par brassée de douze – oui, l’entreprise coupait l’eau de 5h à 22h), les ouvriers reprirent le travail, non sans angoisse puisqu’ils recevaient des ordures ménagères prestement jetées par les fenêtres par les ménagères en colère.

Au bout d’une semaine, le gruyère était classé AOP, les tuyaux en vrac sur la place du village – ce qui avait valu une angoisse mémorable à l’Abbé qui avait été enseveli pendant trente minutes et le téléphone avait été coupé. En effet, un des ouvriers avait abattu le poteau en bois qui abritait le nœud principal de communication. 

Suprême hurla à plein poumons pour alerter son voisin, qui gueula au prochain, et ainsi de suite avant que le maire qui vivait à 800 mètres, fut averti de « l’incident indépendant de notre volonté » : coupure générale de l’eau, de l’électricité et du téléphone.

Le maire proposa en retour (il gueula sur son voisin qui retransmit au suivant… vous saisissez le principe, hein ?) : « on met en place les pigeons voyageurs ou un chien de chasse ».

Le premier adjoint proposa ses volatiles pour émettre des messages courts aux habitants du bourg et des alentours (qui étaient, en sus, coupés du monde par les routes).

Le maire en appela à un pigeon pour alerter le Préfet de l’isolement « du village dynamique et touristique par un concours de malchance particulièrement bien orchestré par des trous du cul d’entrepreneurs qui feraient mieux de vendre des fraises au marché du coin ! ».

Trois, rancunière, proposa de « saloper » le travail fait la journée durant les heures nocturnes. Ainsi, chaque matin, les ouvriers trouvaient les tranchées rebouchées, les tuyaux classés par taille et couleur, et le poteau principal replanté. 

Cette situation dura trois semaines au cours desquelles l’entreprise vit son taux de burn-out exploser. Quand le contremaître principal qui mesurait la distance entre deux raccordements s’aperçut que les dimensions de la veille ne correspondaient pas à celle du jour, il se mit à pleurer à même le sol (et dans un trou).

Le premier adjoint fut chargé d’établir « une sortie de crise » en lien avec la population qui avait viré « anti-tout, font chier ! ». En tête de la rébellion, Trois et mômandumaire rendaient chèvre les gendarmes en crevant les pneus du fourgon en surveillance la nuit, balançant du gravier partout et allumant des feux de joie. L’armée fut envoyée en renfort de la gendarmerie devant la « révolte urbaine incontrôlable » dixit le délégué au territoire envoyé sur place pour évaluer le « bordel campagnard ».

Le Préfet de Police fut sommé d’aller « rendre compte » à celui de Région qui se prit une avoinée par le ministre de l’Intérieur qui était réveillé toutes les nuits par le chef d’état-major de l’armée qui était, lui-même, appelé par un de ses colonels gérant le capitaine dépêché sur place. Les télévisions et les radios auraient adoré y mettre leur graine de sel mais elles n’avaient pas pu atteindre le village qui était entourée de tranchées de la largeur d’un fleuve africain suite à l’insurrection des terrassiers (qui avaient été retenus en otage dans la crypte par un Abbé en manque de sucre).

Un chargé de mission fut dépêché pour établir un calendrier des travaux, et suivre l’avancée du « retour à la normale ». La gendarmerie qui était à bout de force, se rangea aux côtés des habitants pour forcer les ouvriers à reboucher les trous et accélérer les finitions.

Deux mois plus tard, alors que la dernière pelleteuse quitta le village, et que le maire rouvrit les routes départementales d’accès au bourg, un appel arriva au numéro vert mis en place pour « services aux usagers » :

« C’est normal que ma piscine se remplisse avec les eaux usagées de la ferme à 2km ? ».

 

 

 

Ndla : le ministère de l’écologie a saisi le Premier ministre qui a demandé son avis au Président de la République qui a alerté la Présidente de l’Union Européenne…. On attend la réponse.

 

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Episode suivant : Quand Lord rencontre Charlie !

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