Depuis deux jours, la Smala avait entrepris de vider le bordel du grenier secondaire.
Près d’un siècle de papiers, de bibelots, et autres joyeux nids à poussières étaient entassés au troisième étage de la maisonnée.
Après que Cousin Edmond ait décidé de trouver son almanach de 1939, la Smala avait, donc, jugé qu’un rangement s’avérait « nécessaire, voire prioritaire » avant la période estivale, les valises, les chats, les fiestas, etc.
Armés de balayettes, chiffons, queue-de-pie, queue-de-loup et autres ustensiles de ménage, le troupeau accéda par l’escalier de service – qui ne servait plus trop – audit grenier. Dès l’entrée, une énorme toile d’araignée barra le passage à Cousin Edmond et Suprême qui menaient la charge (pas encore héroïque(1)).
En effet, un tirage au sort avait eu lieu pour désigner les « dirigeants du grand nettoyage » et, comble de malchance, ces deux-là avaient remporté la mise.
Trois, qui refusait de se séparer de son plumeau arc-en-ciel avec le manche rose pailletée, fermait la marche avec Quatre qui ne comprenait pas pourquoi il était obligé de « subir ce ménage sur des trucs de vioques qui doivent puer la Bétadine ».
« La naphtaline, crétinos ! » Précisa Deux, surprise elle-même par l’étendu de sa connaissance.
« Palpatine ? » Répliqua Quatre « mais qu’est-ce que l’Empereur vient faire dans cette expédition ménagère ? ».
« Tes faibles talents ne font pas le poids face à la puissance du côté obscur. C’est le moment de payer ton manque total de lucidité (1bis). » Lança Lord, fier de lui.
« Arrête ton char, Ben-Hur(2) » Cria Cousin Edmond en embrassant Tante Dinde sur la joue.
« C’est pas bientôt fini vos conneries ! On doit bosser, merdus ! » Tonna Suprême. « Au boulot ! ».
« On rentre du boulot(3)… na ha aaahaaaa » Chanta, soudain, Cousine Sidonie.
« Un jour, mon prince viendra(4) » Se mit à déclamer Quatre en soupirant…
« Princesse, nullos ! » Répondit Jamie-hinceversionmoka.
« Nah, Prince… j’aime bien manger des princes… » Dit Quatre en dégainant son paquet de biscuits.
« Miam, miam » Sautilla, soudain, Deux en mode Zébulon ; des sauts à faire vaciller l’escalier, déjà largement branlant !
« C’est pas bientôt fini ! On doit bosser ! Deux, Quatre, à la lingette sur le meuble en formica ! » Hurla Cousin Edmond, approuvé par Suprême, drapé dans sa salopette, façon César.
« Quelle fourmi ? » Lança Jamie-hinceversionmoka.
« Toi, la Sylvidre, tu t’occupes de passer l’aspirateur sur les teintures ! Mon poussin révolutionnaire, tu gères les hublots ? » Dit Suprême, monté sur un petit banc.
« Oui, ô mon Suprême d’amour à moi que tu es beau ! » Couina Trois en regardant Bibi rattraper Edward par la peau de la couche alors qu’il essayait de glisser par les escaliers.
« Mon gendre, vous êtes consigné au cirage des meubles ! » Ordonna Suprême en regardant Cinq-et-Demi qui essayait de comprendre les instructions, en français, sur la bombe aérosol « à la cire d’abeille ».
« Mais on va pas tout nettoyer aujourd’hui quand même ?! » Râla Cousine Sidonie dont la jupette blanche avait viré gris souris.
« Ah, mais si, et on ne sortira pas de ce grenier avant que cela soit impeccable ! » Tonna Suprême monté sur une boîte métallique (à défaut de ses ergots !).
« On a prévu de la boustifaille pour la pause déjeuner ? » Souffla Cousin Edmond.
« J’ai des barres énergiques mon troubadour d’amour » Roucoula Tante Dinde.
« Ma mie, cela est bon pour les jeunots là-bas ! J’ai d’autres besoins nutritionnels ! » S’affola Cousin Edmond en regardant Suprême qui s’étonna.
« Qui a oublié de monter le panier pique-nique taille XXL ??? » Gueula ce dernier en pointant Deux et Jamie-hinceversionmoka.
« Mais euuuuuuuh…. » Pesta Quatre à qui Deux venait de voler son paquet de Prince.
« Oh, là, les benêts ! On va chercher le panier à bouffe immédiatement et on ne lambine pas… ! » S’égosilla Suprême sous les applaudissements de Trois, Cousin Edmond, Tante Dinde et les deux cousines.
« Mais mon Nam d’amour a préparé un Dahl pour plus tard » Dit Petunia.
« C’est vrai, ça, Major ? » Papillonnèrent les femmes présentes.
« N’est-il pas délicieux ?! » Clama Bibi en soupirant.
« Absolument parfait, oui ! » Renchérit Deux.
« Un modèle du genre ! » S’extasia Trois en lâchant la main de Suprême qui, déséquilibré, atterrit sur Cousine Sidonie assise sur le matelas « urgence sieste 1933 ».
« Va pour le Dahl ! » Cria Cousin Edmond « mais on le mange maintenant, sinon, il n’en restera plus ! ».
« Pourquoi, y’a personne en cuisine ? » Demanda Quatre, naïvement.
« Mais qu’il est niais, lui ! » Pesta Lord.
« Bon, je propose la motion suivante : on mange le Dahl en cuisine, on fait une petite siestoune dans le jardin, un rami et on revient nettoyer avant l’apéro ? » Proposa, donc, Suprême, sous les hourrah de la Smala.
Le troupeau reprit le chemin inverse, fit branler (trembler) l’escalier historique, en chantant le titre phare de la Légion « Tiens, voilà du boudin… ».
Quatre qui pleurait ses Prince et Cinq-et-Demi qui traduisait l’entièreté du mode d’emploi de la cire d’abeilles, restèrent dans le grenier qui fut verrouillé par Trois dans la précipitation.
Vers 17h, Bibi se demanda où était encore « son britboy à lunettes » et la Smala réalisa qu’il manquait aussi Quatre…
Vers 20h, on les retrouva au grenier historique, endormis, un sachet de Prince éventré par terre et une forte odeur de cire d’abeille nappant le tout.
Depuis, ledit grenier a été fermé à clés pour éviter toute surcharge de travail.
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- et (1bis) oui, là, il faut les références….
- Ben, là aussi, en fait !
- Celle-là, vous l’avez, non ?
- Bon, là, c’était facile !