Le maire arriva en courant vers le curé en gueulant un mémorable :
« Qui a déplacé le Petit Jésus dans la salle des mariages !??? On est en République, bordel, mais au Vatican 19 ! ».
« Oh la, la, la, la, la, le petit Jésus a disparu de la sacristie ???? » Hurla, simultanément, le curé sortant de l’église en se tenant la tête.
« Comment ça, c’est pas toi, le cureton ?? » Renchérit le Maire qui envoya un SMS à son premier adjoint : « Jésus 1/ Curé 0… voir avec les maboules ? ».
« Ben, non, non, non, non, Monsieur le Maire… j’ai rien fait, je le jure sur le chemin de Croix » Répondit le prêtre en secouant la tête de haut en bas… bafouillant même les bases des mimiques.
« Hé, le bourgmestre ! T’as vu la belle déco de mon pommier d’amour ? » Cria Suprême en mode Che Guevara.
« Monsieur Suprême, c’est vous qui avait dégommé le petit Jésus de l’église ? » Questionna le curé affolé.
« Naaaah, c’est Cousin Edmond avec sa Dinde, pourquoi ? Vous savez bien que je ne rentre pas de plein gré dans votre usine à grenouilles ! » Pesta Suprême.
« Mon Carambar® chéri, laisse le représentant du Seigneur… il ne sait pas ce qu’il fait ! » Soupira Trois qui portait Edward sur les épaules.
« Mon pruneau des îles, fais attention au petit… Il n’est pas en plâtre comme le fils de l’Autre, le babybrit ! » S’affola Suprême en récupérant, prestement, son petit-fils et en le glissant sur sa hanche.
Soudain un tambour façon tam-tam des savanes se mit à retentir dans tout le village surprenant le curé qui hurla comme une pucelle.
« Qu’est-ce donc que ce bazar ? » Demanda le maire en secouant la tête, déjà fatigué de toute cette agitation.
« C’est l’annonce du départ des mariés » Lança Trois fièrement « j’ai trouvé l’idée romantique ! ».
« La classe ! » Gueulèrent les Smaliennes, en chœur (et pas de vierges dans le troupeau).
« On n’est pas au cirque, misérable ectoplasme(1) ! » Râla le premier adjoint qui était un ardent défenseur de la cause animale (principalement des canards et des oies).
« Toi, le bouffeur de graines, il faut que ça germe dans ta ciboulette… On marie la grande cheffe à plumetis de la Smala, alors on fait ce que l’on veut » Répliqua Suprême sous les applaudissements des autres adjoints qui en avaient marre de bouffer du tofu à chaque conseil municipal.
« Je peux avoir le petit Jésus ? » Quémanda le curé en mordant dans son sandwich rillettes-jambon cru – cornichons –moutarde – épinards (« pour contrebalancer le gras » dixit ledit cureton au bord de l’hypoglycémie).
« Edmooooooooond, ramène le Petit Bonhomme en plâtre à M’sieur l’abbé sinon il va faire Carêmes pendant des mois ! » Hurla Trois en mode Che Guevarra.
« Madame Trois, je vous prie de ne pas blasphémer ! Vous parlez du fils de Dieu » Dit en soupirant le curé.
« Nom de Dieu, quand même ! Ce n’est pas trop tôt pour les fleurs ! A dix minutes près, vous arriviez après les mariés » Lança Cousine Sidonie, en charge de la décoration florale de la salle des fêtes.
« Mazelle Sidonie, on a eu un petit souci avec les fleurs… notre grossiste s’est trompé, il a livré des chrysanthèmes ! » Pleurnicha le fleuriste, rouge comme pivoine.
« Compte-tenu de l’âge des mariés, c’est de circonstance ! Bravo mon ami ! » Ricana Un.
« Et pourquoi jaune ? Y’avait pas violet ? » Souligna Cousine Aglaé.
« Heu, j’ai pensé que cela illuminerait mieux la salle des fêtes, plutôt, heu, sombre, non ? » Précisa le fleuriste qui venait de passer au vert cyprès.
« Ouais, sympa le mariage, salle lugubre, chrysanthèmes… Manque plus qu’une tornade ! » Se moqua Quatre, sous l’approbation de Lord of the Rings et Bibi qui venaient de finir la distribution de pétales sur le chemin des mariés.
Dix minutes plus tard, la Smala en formation tortue tordue (ça penchait sur la gauche depuis le début de la semaine… Un refusant de fermer la marche…à droite, en bon néo gauchiste !) applaudissait à tout rompre dans la salle des fêtes. En effet, cinq minutes plus tôt, le Major Hicham était arrivé à vélo, paré comme un petit éléphant (« c’est kitsch et ethnique, quelle classe !!! » Souffla Tante Dinde à Bibi qui venait de refiler Edward à Lord qui lui faisait des guiliguilis) ; suivi de près par Petunia, tout de jaune vêtu (« elle est assortie aux fleurs, la classe ! » susurra Trois à un Suprême qui fusillait du regard le premier adjoint qui avait tenu à fournir « un buffet de félicitations très vegan friendly »), robe vintage des années 50, richelieu aux pieds et panier en osier et rubans dorés à la main.
Le maire, pressé de rejoindre le repas des pêcheurs à la mouche, emballa la cérémonie en moins de deux minutes. A peine Trois et Suprême avaient mis leurs postérieurs sur les deux coussins en velours rouge que cette dernière avait apportés, que le maire gueula un « Vive les mariés ». Personne n’avait pu suivre l’échange des vœux à cause des cloches de l’église qui avaient carillonné, à s’en décrocher, l’angélus de midi…vingt minutes plus tôt.
Le Major Hicham embrassa goulument sa « pâquerette » qui se jeta à son cou… qui entraîna le maire sur le cul, puisque le coude de la mariée atterrit dans le plexus du bourgmestre. Tout le conseil municipal se leva pour récupérer le patron et le deuxième adjoint entraîna un coin de la nappe du buffet…qui atterrit sur le sol, mélangé à quelques moutons (de saleté, hein ! personne n’ayant convié les vrais…).
Suprême acclama la situation d’un tonitruant « tous dans le jardin du curé ! y’a de la victuaille entassée ! ».
Deux heures plus tard, Suprême, le Major Hicham et le Curé jouaient au cricket, sous l’œil attentif de Lord, grand fan de ce sport « élégant », alors que toute la Smala cuvait la gnole de Cousin Edmond… y compris Edward qui avait trempé ses doigts dans les verres de son « pop d’amour » !
(1) Merci Capitaine Haddock !