Articles Blog écriture Les Aventures de la Smala

Les sanglots longs des violons de l’automne(1)…

Dès le matin, ça couinait dans la cuisine smalienne.

Trois, qui avait réveillé, dès potron-minet, Bibi et Flower pour faire un flan à rhubarbe, avait détaché la feuille de la veille sur le calendrier « les tracteurs du siècle » et s’était mise à pleurer en voyant la date : 1er octobre.

Flower qui n’était au top de sa forme à 5h45 du matin, avait émis des bruits stridents et avait fondu en larmes au-dessus du saladier. 

Bibi, qui n’avait aucune envie de cuisiner mais plutôt d’aller batifoler avec Cinq-et-Demi, avait exprimé un avis tranché sur la date du jour : « on s’en tamponne ».

Alertées par les couinements dans la cuisine, Tante Dinde et Deux arrivèrent au moment où Trois engouffrait des Dragibus par brassée de douze (sachets). Entre deux bouchées, elle expliquait à une Bibi ébahie et une Flower au bord de l’hyperglycémie (rapport aux fraises Tagada qui devaient, en principe, atterrir dans le flan à rhubarbe made in Trois), que le mois d’octobre était « un long violon de sanglots ».

« Qui fait du violon ? » Demanda Deux en mettant les doigts dans la préparation du flan. 

« Les sanglots des violons, idiote » Plaida Flower qui avait explosé son taux de sucre dans le sang pour six mois.

« C’est Paul qui le disait fort bien ! » Renchérit Tante Dinde en soupirant.

« Ah, oui, Paul… quelle voix à la Sinatra ! » Sourit Trois sous le regard halluciné de Bibi.

« Il chantait bien ce Paul » Précisa Flower.

« Surtout quand il évoquait Michelle » Chantonna Cousine Sidonie qui venait de pénétrer dans la cuisine. 

« Pardon, mais Paul n’a jamais chanté sur une Michelle » Râla Trois en mode gréviste de rond-point.

« Ah, pardon, mais si, il a chanté, Michelle ma Belle… je suis formelle ! Je suis une grande admiratrice de Sir Paul » Pesta Cousine Sidonie.

« Heu, pardon, mais qui fait du violon ? » Questionna, de nouveau, Deux qui avait perdu pieds dans les Paul. « Et puis Paul, c’est des sandwiches, non ? ».

« Paul Anka, un casse-croûte!? » Gueula Trois.

« Macca, un club sandwich ? On aura tout entendu ! » S’époumona Cousine Sidonie, soutenue de la tête par Flower qui venait de s’attaquer aux meringues. 

« Ces longs violons me filent le bourdon ! » Dit Trois contre toute attente.

« Macca, pas Maya ! » Dit Tante Dinde, qui faisait partie du camp des fans des quatre de la Mersey.

« Aucun de vos Paul n’avait jamais parlé de long, de violons, de sanglots dans la même phrase ! » Tonna Bibi qui léchait la louche ayant servi à remuer le flan.

« Ah, pardon, ma prunelle à l’eau de vie, mais si, la mélancolie était sa patte à mon Paul » Répondit Trois fière d’elle.

« N’importe quoi ! » Lança Deux qui ne comprenait pas le raisonnement.

« On te parle poésie pas chansons pour adolescentes en rut ! » Pesta Bibi qui commençait à trouver le temps long.

« Evidemment qu’il chantait des poèmes ! Un grand, ce Paulo » Plaida Tante Dinde, soutenue par Cousine Sidonie.

« Mais qui est Paulo, nom de GAT ! » Demanda Deux.

« Anka ! » Hurlèrent Flower et Trois.

« McCartney ! » Crièrent Cousine Sidonie et Tante Dinde. 

« Mais non !!!!! » Souffla Bibi en s’affalant sur une chaise « On parle de longs violons, d’automne, de sanglots… punaise des bois et fraisiers… Verlaine, bordel ! ».

« Y’a aucun chanteur qui s’appelle Verlaine, je te signale ! » Répliqua Deux qui ne suivrait rien du tout.

« Bande d’incultes ! Trois parle de spleen à l’automne… donc des sanglots longs des violons de l’automne… ça vous dit quelque chose, non ? » Gueula Bibi, excédée.

« Oui, c’est dans Le Jour le plus long avec John Wayne » Lança, fière, Deux « je connais mes classiques ».

« Bon Dieu ! » Soupira Bibi.

« Qui m’interpelle ? » Dit Suprême qui, par l’odeur alléché….

« Papounet d’amour à la crème, si je te dis les sanglots longs des violons de l’automne, tu réponds ? » Questionna Bibi.

« Paul Verlaine, poèmes saturniens, 1866 ! Pourquoi ? » Lança Suprême alors que Trois venait de s’élancer dans ses bras. « Tout doux, mon pourceau… c’est Paulo qui te met dans cet état ? ».

« T’es trop intelligent, mon roudoudou… » Soupira Trois.

« Pardon, mais ce Paul, il n’était pas avec un Arthur ? » Demanda Deux.

« Le roi Arthur ? naaaah, je crois pas » Souffla Flower en regardant Bibi et Suprême se tenir la tête, abasourdis.

 

**** 

  1. Merci à M. Paul Verlaine (désolée d’avance, Monsieur !) 

**********

épisode suivant : La Smala organise un karaoké automnal

Laisser un commentaire