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Le village apprend l’amour aux touristes !

Cousin Edmond hurla de bon matin sous l’oeil inquiet de sa moitié (son gros deux-tiers). Il venait d’être tiré d’un rêve torride (Monica Bellucci venait lui demander sa main…) par un cri aigu inconnu.

Tendant l’oreille, tout en faisant taire Tante Dinde qui couinait un « keskiya », il identifia le bruit, le lieu et le pourquoi du comment.

Tel un preu chevalier, il dévala les escaliers de la Casbah (enfin, dévaler, dévaler… hein, on parle de Cousin Edmond, 82 ans au compteur) et se rua (pareil… marchant tranquillement) sur l’atelier de l’autre côté de la ruelle venant vers l’atelier de GusGus qui venait d’être classé « B&B topdelataupe ». 

Cousin Edmond suivi par Tante Dinde, stoppa net, tel un chien de chasse.

« Ma Douce, voici le lieu des cris » lança-t-il avec grand renfort de moulinets de bras.

« Rooooh, que tu es intuitif mon époux adoré » répondit Tante Dinde, engoncée dans son peignoir à grosses fleurs tropicales.

« Hé, Edmundo, qué paso ? » hurla Tonio, le deuxième mari de l’ex-femme du maire. 

« Y’a des petits lapinous matinaux » répondit la femme du facteur qui prenait son café sur son trottoir (et accessoirement relevait les faits et gestes des voisins).

« Ah, vous aussi, vous avez entendu ? » dit Cousin Edmond.

« Difficile de ne pas entendre les couinements répétés entre 5h et 7h, tous les matins depuis leur arrivée… ça fait peur à mes poulets ! » répliqua l’ex-femme du premier adjoint (et nouvellement madame le second adjoint).

« 2h, mazette » siffla Tonio admiratif.

« Naaaah, 2 fois 5mn sur un temps de 2h… faut pas rêver mon Tonio » lança sa femme.

« Ah, ben, je me disais qu’on faisait mieux à notre époque, non ? » évoqua le troisième adjoint qui venait d’arriver, appelé en « urgence absolue ».

« Mais keskifon ? » demanda le bourgmestre en finissant sa tartine.

« Les lapinous » rigola Cousin Edmond, tout en envoyant un message à Suprême (« ramène-toi, Suprêminou, y’a des lapereaux qui repeuplent le trou du cul du monde »).

Après dix minutes de discussions stériles, un nouveau hurlement aigu retentit ce qui figea l’ensemble des présents.

« Ah, ouais, quand même ça envoie du bois dans le cottage » s’amusa le maire.

« Il est 6h44 et c’est dimanche… honteux » se plaignit le curé qui venait d’arriver sur les lieux, « invité » par un appel téléphonique de GusGus, mandaté par le maire (qui n’entendait pas régler le soulèvement torride tout seul).

« Aaah, monsieur le curé, faut bien que jeunesse se passe ! » plaida la doyenne du village (103 ans et toutes ses dents, oreilles, etc.)

« Y’a des limites à la tranquillité des voisins, quand même ! » gueula Cousin Edmond.

« Vous avez tous été jeunes et beaux, et fermes… ne me dites pas que vous n’avez jamais vu le loup ? » se gaussa la doyenne.

« Rooooooh, la doyenne, t’avais le cuissot léger au moyen-âge ? » dit le premier adjoint qui se prit une claque sur la nuque par son ex-fiancée (mariée au quatrième adjoint).

Cela s’amusait tellement devant le B&B que tout le monde avait oublié la paix des lieux, un dimanche à l’aube, et surtout les deux amoureux qui forniquaient bruyamment et légèrement (enfin, légèrement, ça grinçait pas mal dans la chambre… qui ? Quoi ?… pervers, vous voulez tout savoir !!).

Soudain une musique à fond retentit. Toutes les têtes se tournèrent vers la maison du peintre « du dimanche mais bon il amène des touristes ici ». « L’artiste maudit » comme il se définissait venait de mettre à pleine sonorité sa chanson préférée « Papa Was a Rollin’ Stone » de George Michael… ce qui fit se tortiller les villageois…

Trois, dépêchée par Un et Petunia qui surveillaient la cafetière italienne de la Smala, commença sa chorégraphie, bras en l’air (mais pas inspiré, l’air !). Le peintre la joignit immédiatement pour montrer toute l’étendue de son non-talent.

Les lapereaux, troublés par le bruit (un comble), sortirent comme ils étaient… nus (et passablement pas cuits). 

Tante Dinde se mit à hurler « Au Loup » en plein mouvement délicat de la chorégraphie (demi-tour droite en sautant).

Le curé qui soulevait sa soutane comme personne, s’encastra dans le maire qui n’avait pas suivi la cadence. 

« Ohhhh, vous pourriez faire moins de bruit, c’est dimanche et on voudrait se reposer de nos vies citadines trépidantes » lança le jeune homme tout nu.

« On nous avait promis un lieu paisible et tranquille, pas un village de délurés » renchérit sa moitié (son dixième) nue aussi mais avec un bandana autour du cou.

« Haaaa, voilà, voilà…. Enchanté, je suis le bourgmestre de ce village paisible… et je peux vous assurer de la tranquillité des lieux… sauf ce matin où des bruits non répertoriés ont alerté le bourg » lança le maire sous les encouragements de ses administrés.

« Vous plaisantez, vous dansez à 6h55 du matin… et puis quoi encore ? » se plaignit la fille.

« Y’a pas de quoi s’affoler non plus ! » dit la doyenne qui détaillait le grand brun d’un oeil concupiscent. 

« Ohlaaaaa, ohlaaaaa, toi le fil de fer pas terminé, tu vas parler à l’édile un peu mieux ! » gueula madame la femme du maire, bigoudis en folie.

« Mais, heu… » tenta la jeune fille nue.

« C’est quoi ces hurlements aigus que vous poussez entre 5 et 7h… non parce que nous, ça ne nous dérange pas mais on s’inquiète » tenta Tante Dinde.

« Vous avez oublié ce que ça fait de baiser ? » dit le fil de fer fièrement (et à tous les étages).

« Ha ha ha ha hahaha » s’esclaffa l’audience.

« Vous appelez ça baiser ? » se moqua la doyenne « de mon temps, on tenait plus de 5mn chrono ! C’est moi ou ça nivelle par le bas ? ».

« Naaaah, ça tient plus la route, ma bonne dame !! » se gaussa Cousin Edmond.

« C’est pas avec ça qu’on va repeupler la planète » se lamenta le curé (qui pensait à ses ouailles à l’église à 11h).

« En plus, bon, ben, c’est pas avec ça qu’il va la faire grimper aux rideaux » pointa Suprême vers le zizi fil de fer.

« Mais je ne vous permets pas, je prends mon pied » hurla la fille nue en se tortillant…

« Mouais, 5mn de grognements, 10 secondes de cris… on est pas prêts à être champion olympique de la discipline ! » pesta le peintre du dimanche.

« Faut dire que ça s’essouffle vite cette jeunesse ! » rit Trois sous le regard énamouré de Suprême (qui repensait à leur première nuit  de noces…. 8h non stop).

« Bon, les lapereaux, vous allez nous faire le plaisir de vous entraîner, en silence, jusqu’à ce que vous puissiez tenir 2h sans vous arrêter ! Si c’est pas malheureux d’être aussi peu sportif ! » ordonna le maire sous les hourras de la foule.

Trois heures plus tard, à la messe, le curé ouvrit avec un passage qui fit hurler de rire la foule… (et l’excommunication passa à deux doigts du trou du cul du monde).

À faire pâlir tous les Marquis de Sade

À faire rougir les putains de la rade

À faire crier grâce à tous les échos

À faire trembler les murs de Jéricho

Je vais t’aimer….(1)

Deux heures plus tard, le maire constata que les lapereaux avaient décampé du B&B sous prétexte que le village « était plein de pervers ». 

***

(1) Michel Sardou, oui, oui, on sait, mais on a les références qu’on veut !


Episode suivant : Le mariage de Quatre et Gloria !

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