Le résumé de l’éditeur :
« Martin Gilmour ne s’est jamais senti à sa place. Mais quand il réussit à décrocher une bourse pour la prestigieuse Burtonbury School, ce fils unique d’une mère célibataire se voit ouvrir un monde auquel il n’aurait jamais osé rêver : celui de l’aristocratie britannique. Un monde clos, exclusif, sur lequel règne le charismatique, populaire et séduisant Ben Fitzmaurice. Entre l’héritier d’une dynastie et le working class héros va se nouer une forte amitié. Amitié qui va perdurer lorsque Ben est pressenti pour une haute fonction politique et que Martin se fait un nom en tant que critique d’art.
Le premier épouse l’élégante Serena et Martin la discrète Lucy.
Ce soir, dans la somptueuse demeure familiale, Ben fête ses quarante ans. Tout le gratin est présent. Martin aussi.
Le lendemain, l’une des invitées est internée. Une autre est à l’hôpital, tandis que Martin répond aux questions des policiers : que s’est-il passé durant cette réception ? »
***
Soyons honnête, j’ai un gros faible pour la littérature anglaise et irlandaise… Et Elizabeth Day est née en Angleterre et a grandi en Irlande du Nord. De plus, j’avais vraiment apprécié son Paradize City.
Cette invitation tombait donc à point, j’avais envie d’explorer ce côté troublant d’une amitié…
J’ai demandé au service Presse Étranger de Belfond si je pouvais le lire et ce fut un réel bonheur de le recevoir…
Après lecture, il a trôné sur la table basse quelques heures, a été récupéré et lu tranquillement pendant la sieste… Visiblement, il n’y a pas que moi qui aie apprécié l’invitation !
Tout commence par l’interrogatoire de Matin Gilmour par la police lors duquel il explique sa version de la soirée des 40 ans de Ben, son vieux pote d’école et meilleur ami… Petit à petit, il se livre alors à un jeu du chat et de la souris avec l’enquêtrice « Blondasse » et l’inspecteur « Costard gris ». Il revient, ponctuellement sur son passé, sa vie « avant Ben », après et même les couleuvres qu’il a dû avaler pour se hisser au niveau de son camarade.
Car Martin est ébloui par Ben (qui ne l’est pas d’ailleurs, à la lecture des premiers chapitres). Il l’aime, bien, ou plus que ça mais il ne l’admet pas ; pas tout à fait. Lui qui est issu d’un milieu modeste, il essaie de se gravir vers les sommets, armé par son ambition, son amour pour Ben et peu de principes.
Car même si le personnage du charismatique, beau, aristocrate et charmant Ben est le centre de la vie de Martin, depuis leur première rencontre jusqu’à la dernière phrase du livre, il ne s’exprime jamais autrement qu’à travers les souvenirs du couple ; Idem pour sa femme, l’insupportable et parfaite Serena, et il en va de même pour les autres personnages.
Le fait est que Martin est le point d’ancrage de/dans cette histoire qui, au départ, est d’une banalité féroce. Oui, car c’est juste une rencontre entre deux garçons dont l’un tombe amoureux de l’autre, et s’aveugle complètement sur la relation. Il a tellement besoin d’être aimé qu’il oublie réellement de sonder « son » Ben… Pourtant il est doué pour s’adapter, s’imposer dans une société dont il ne maîtrise pas les codes, ni la condition sociale.
Puis un grave incident se produit lui offrant la possibilité de se sentir réconforté, aimé, d’avoir de l’argent et de la considération. Il a accédé à un autre niveau sans être une oie blanche, non plus ! Car Martin est un arriviste, un être complexe, étonnamment naïf mais manipulateur, insensible et obtus.
Il est difficile d’aimer Martin, malgré ses failles et sa faiblesse principale. Il utilise son monde, y compris Lucy, sa dévouée et crédule épouse. Cette dernière est un personnage intéressant à suivre lors des pages issues de son journal thérapeutique. Elle est là, centrale, manipulée mais heureuse, confiante, aimante mais réaliste, enfin, d’un certain point vue.
Le couple Ben/Serena, quant à lui, est l’archétype d’une série télévisuelle sur la bonne société anglaise, la perfection en marche, une belle maison, des enfants (quasi-parfaits), un avenir radieux, des connexions, de l’argent, du charme et la beauté. Rien ne doit dépasser, ni entraver la marche en avant du fils prodige, de l’association parfaite.
Mais il y a Martin, toujours dans les parages, encombrant mais utile, tenant des informations compromettantes, jusqu’à cette discussion après une soirée pour l’anniversaire de Ben…
Elizabeth Day part de cette nuit et brode le passé de Martin et Ben, et de Lucy. Elle fait monter la pression, expose les arcanes de cette famille Fitzmaurice, de Martin, et les troubles invisibles (ou pas) ; elle montre les relations de couple, de l’amour, l’amitié, l’ambition, et de l’hypocrisie entre « gentlemen ».
Cette comédie de mœurs est assez époustouflante et l’auteur l’illustre parfaitement. L’humour est présent tout au long, volontairement ou pas, et la montée de cette latente peur est distillée page après page… on glisse doucement mais sûrement vers le thriller psychologique et on ne demande bien où vont aller les protagonistes…
Ce roman se lit vite, se dévore même et on est surprise par la maîtrise de cette jeune auteur qui lorgne vers Patricia Highsmith.
Cependant, les dernières pages m’ont intrigué car j’aurais pensé à un comportement plus masculin que celui féminin qu’affiche Martin dans sa façon d’agir… mais après tout, n’est-il pas trahi par l’homme de sa vie ?
Si vous aimez les thrillers psychologiques, la société britannique, les tasses en porcelaine, les claques dans le dos, les clubs privés et vous avez le goût pour une revanche amère, acceptez l’invitation !
Titre : L’invitation
Éditions Belfond
Parution : 3 mai 2018
ISBN : 2714476139
Nombres de pages : 332
Prix (à la sortie) : 21 euros
Livre envoyé gracieusement par les Éditions Belfond.