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« Ce cœur qui haïssait la guerre » ou la résistance de l’intérieur.

Le résumé de l’éditeur :

« Au lendemain de la Grande Guerre, Anton découvre un domaine inexploré : la conquête de l’espace. Jeune ingénieur allemand, il rêve plus d’étoiles que de pouvoir et de politique. Une opportune neutralité qui lui permet de ne pas prendre position entre pro et antinazis. Mais que vaut la neutralité lorsque l’on travaille sur une fusée financée par l’Armée et qu’elle devient une arme dévastatrice ? Ce sont deux femmes également aimées qui rappellent à ce cœur rebelle que si l’homme n’est pas fait pour la guerre, il l’est encore moins pour la servitude, et l’amènent à passer de la résistance passive à la trahison de son pays. »

Le contexte de lecture :

Vous connaissez, je pense, si vous me lisez sur le blog ou que vous avez lu mon univers de création (ou mes collections),  mon attrait pour l’Histoire et une certaine période allemande.

Il y a quelques années, une idée de triptyque a germé dans mon cerveau et j’ai écrit trois romans, donc, liés à la Seconde Guerre Mondiale. Le dernier tome, qui n’est pas encore paru (le deuxième sort fin octobre), traite, notamment de la résistance allemande, de certaines personnes qui refusaient le système mis en place, ce rouleau compresseur nazi.

Lorsque j’ai lu la présence du roman de Michel Heurtault, je l’ai commandé immédiatement dans l’une de mes librairies préférées. Il était impossible de louper ce livre !

A la lecture, j’ai été confortée dans l’idée que c’était un bon sujet, vaste et qu’il fallait oser expliquer, encore et encore, qu’il n’y a pas d’une seule perspective dans l’Histoire.

 Le corps du roman :

Michel Heurtault est un conteur d’histoires, et d’Histoire.

Malgré une approche romancée (évidemment), la précision historique est chirurgicale et cela ne peut être que mieux.

N’étant pas le genre de lecteur rebuté par les faits, les notes de bas de page, etc. j’ai grandement apprécié l’accumulation de détails entremêlés dans l’histoire de base d’Anton. Car Anton

, jeune ingénieur allemand, élevé dans le Reich, a la tête dans les étoiles. Pourtant son travail revêt une importance majeure pour son pays, le système nazi, le contrôle des airs, et la victoire finale.

L’approche est originale et le parcours des inventeurs de ces V1 et V2 ne transparaît véritablement que dans les livres d’Histoire que la plupart des personnes évite soigneusement.

L’histoire d’Anton nous embarque alors dans une fresque à la fois terrifiante et romanesque. Le souffle ne s’affaiblit jamais et les mots s’enchaînent pour le plus grand bonheur du lecteur.

On sent l’application de l’auteur dans les faits historiques, l’envie de faire partager les affres de son personnage et cette plongée dans les arcanes d’un régime totalitaire, angoissant et sans pitié, même pour ses propres citoyens.

Mon avis !

Comment vous dire qu’il faut lire ce livre, absolument !

C’est riche, dense, haletant et on a envie de savoir absolument la suite.

C’est d’une précision historique acérée et je suis heureuse de voir que certains points que j’avais appris aux travers de mes nombreuses lectures sur le sujet, étaient là, de manière romancée, accessible à tous publics (ou presque).

Il y a des oublis dans l’Histoire et aussi des choses que l’on passe sous silence pour éviter d’atténuer l’impact du monstre nazi.

Car, oui, pas tous les allemands étaient nazis, certains ont résisté, mollement, silencieux ou par des gestes plus héroïques. Seulement, pas tout le monde a la trempe d’un héros, justement.

Les livres d’Histoire ont focalisé sur le côté romanesque de la résistance ou les martyrs, comme Hans et Sophie Scholl (réseau de la Rose Blanche, dont l’action est largement méritante) ou encore Claus von Stauffenberg, en 1944.

Pourtant, il suffit d’écouter, de lire et de comprendre qu’au-delà de la façade du régime totalitaire, organisé, méthodique avec un peuple adhérant aux actions, il y avait des multiples petits mouvements, sans appui extérieur, souvent isolés et, donc, grandement ignorés, sans réelle répercussion.

Il y a aussi la répression policière qui n’hésita pas à faire arrêter, sur la foi de dénonciations (largement récompensées et enseignées dès le plus jeune âge) les citoyens allemands qui ont tâté des camps.

Il évoque aussi l’influence des femmes (notamment dans la vie d’Anton avec les deux figures aimées) dans cette résistante, dans cette vie. Celles qui n’étaient que des êtres obéissants, voués à engendrer et combler les désirs, avaient une part de soutien, de bienveillance, de suggestion.

Ce livre décrit enfin le quotidien des allemands pendant la guerre, les civils confrontés aux bombardements intensifs, sanglants, meurtriers ; les conditions des soldats en Russie qui ont connu les mêmes conditions de déchéance que les célèbres soldats de Napoléon, les arcanes de l’état nazi, des luttes de pouvoir et de ce grand partage après-guerre entre les alliés qui n’ont pas hésité à fermer les yeux sur des collaborateurs éclairés et nazifiés pour étendre leur pouvoir et entreprendre des recherches basées sur des expériences souvent établies et financées par leurs ennemis !

Je recommande ce roman qui puise dans une part d’Histoire un souffle romanesque et addictif indéniable !

Il est à signaler pour l’histoire que le titre est tiré d’un vers du poème de Robert Desnos paru dans l’Honneur des Poètes en 1943, repris dans son livre « Destinée arbitraire », paru chez ©Gallimard en 1975.

 

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Titre Ce cœur qui haïssait la guerre

Éditions Albin Michel

Parution : 22 août 2018

ISBN : 2226436928

Nombres de pages : 736

Prix (à la sortie) : 24,50 €uros

Acheté à la Librairie Pantagruel à Marseille.

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