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« Tout ira bien » de Damian Barr… bouleversant !

Livre envoyé gracieusement par les Éditions Cherche-Midi.

Le résumé de l’éditeur :

Un roman qui va changer votre façon de voir le monde.

1901 :Afrique du Sud. Une guerre sans merci oppose l’armée britannique et les premiers colons. Sarah van der Watt et son fils sont emmenés de force dans un camp de détention. La dernière chose que voit Sarah, tandis que les soldats anglais mettent le feu à leur ferme, est sa précieuse bibliothèque réduite en cendres. À leur arrivée au camp, le commandant se veut rassurant. C’est pour leur sécurité que les habitants ont été regroupés, on leur assure que « tout ira bien ». Dans les faits, c’est la naissance du premier camp de concentration de l’histoire…

2010. Willem, 16 ans, ne veut qu’une chose dans la vie, rester seul avec ses livres et son chien, et demande qu’on lui fiche la paix. Inquiets pour lui, sa mère et son beau-père l’envoient au camp « Aube Nouvelle », où on accueille des garçons pour en faire des hommes. Virils. Ici, lui assure-t-on, « tout ira bien ».

Ce qui lie ces deux drames ? Il faudra se plonger dans ces pages bouleversantes, vibrantes de colère et d’espoir, pour le découvrir.

 

Le contexte de lecture :

Je cherchais un livre alternant les époques et, plutôt en début XXe siècle, et j’ai vu passer le catalogue des sorties de la rentrée littéraire septembre 2020… J’ai été happée par ce titre, mais surtout 3 mots : 1901, Afrique du Sud, 2010… Je me suis dit : bingo !

J’ai fait ma demande au Cherche-midi pour un service de presse et j’ai été ravie de le recevoir quelques jours plus tard…. longs jours puisqu’il a baladé un peu partout en France avant d’arriver à mon dépôt de poste…

Bref, il est arrivé à la maison… et je l’ai attaqué après « Labyrinthe » et pendant ma lecture commune avec AméLit sur « Le Chant du Rossignol »… cela a contrebalancé ce livre qui ne me passionnait pas !

 

Le corps du roman :

Dès le début, j’ai plongé dans l’histoire ; dans les deux histoires devrais-je dire..

2010, Willem est un jeune adolescent introverti qui n’aspire qu’à la tranquillité, avec son carlin et ses livres d’Harry Potter (son unique refuge). … Sa mère, Irma et son beau-père, inquiets, l’envoient dans un camp pour garçons afin qu’il s’endurcisse un peu (et surtout s’ouvre aux autres… bref, le « tu seras un homme, mon fils ! »). A Aube Nouvelle (tu parles d’un nom !), c’est la stratégie militaire basée sur la raison du plus fort qui règne… Willem a un autre souci… sa sexualité l’effraie et dans ce camp, c’est un énorme handicap.

L’un des leitmotivs est « Tout ira bien »… tout comme celui d’un autre camp…

Car, à peine a-t-on laissé Willem dans son camp de survie, que l’on est projeté cent dix ans plus tôt, dans une ferme où Sarah, une jeune femme afrikaans, écrit un journal intime en attendant le retour à la maison de son mari. Il est parti rejoindre les troupes résistantes aux envahisseurs qu’est l’armée britannique. Elle vit là avec son fils Fred, et deux kaffir (noirs) employés chez eux, Lettie et Jacok. On découvre alors la vie de cette famille, son éducation, sa vision sur le monde, les races, la religion, les ethnies et la vie en général. Elle retrace l’amour pour son mari, et l’arrivée de l’armée anglaise sur sa propriété.

Très vite, elle est expulsée, jetée dans un wagon à bestiaux avec son fils et internée dans un camp de rétention… le tristement célèbre Bloemfontein.

L’écriture est fluide, efficace ; l’histoire captivante et on sent tout de suite qu’il va y avoir un lien entre ces deux époques… on s’attache très vite aux personnages même si on n’aime pas certaines réflexions ou propos de Sarah.

On suit les parcours de ces deux êtres et l’histoire se déroule terriblement sous nos yeux.

Et, donc, Lisa ?

Il faut tout d’abord, je pense, aussi connaître un peu l’histoire de cette période si intéressante pour ne pas oublier.

L’histoire de Sarah se déroule pendant la Seconde Guerre des Boers survenu entre octobre 1899 et mai 1902 entre les Britanniques et les Boers issus de l’Etat libre d’Orange et le Transvaal. Ce fut une guerre coloniale qui avait pour but de réintégrer les deux républiques à l’Empire Britannique. Au final, les Boers vont perdre cette guerre mais obtiendront de nombreuses concessions aux détriments, d’ailleurs, des populations noires et les « coloured ».

L’Empire britannique met en place de nombreuses mesures, notamment celle de la terre brûlée et de l’internement des populations hostiles. Des camps sont créés dont l’appellation est, aussi, camps de concentration, comme celui où atterrit Sarah, Bloemfontein. Il faut dire aussi, que ce n’était pas des camps d’extermination comme dans la doctrine nazie, mais plus celles d’annihiler la résistance.

Le but était, principalement, de contrôler les familles des combattants Boers pour les obliger à se couper des bases de survie et abandonner, par faute de moyens, la lutte.

Les conditions, décrites par Sarah, étaient déplorables et la vie rude.

La cruauté que Sarah endure, que Willem ressent, c’est l’histoire du monde, cette dureté de l’Homme envers son prochain.

Willem est un héros qui vous crève le cœur… qui ne voit pas d’échappatoire ; Sarah se débat entre malnutrition, maltraitance, humiliation et peur.

Damian Barr livre, là, une histoire si puissante et bouleversante à laquelle il est difficile de rester indifférent, qui pousse à espérer une nouvelle aube, différente de celle du camp…

Dans l’époque actuelle, où nous voyons des mouvements se soulever, on se dit qu’on peut changer les choses mais que l’Histoire bafouille bien souvent, se répète et que la loi du plus fort gagne à la fin…

Cela est révoltant, indigne de notre condition humaine mais c’est tout le paradoxe de l’humanité, le côté sombre est toujours là, tapi dans notre cœur, et une simple étincelle peut la raviver et noircir un pan entier de l’Histoire…

D’où l’intérêt de ne pas gommer ou effacer l’Histoire mais de l’expliquer, la montrer, la commenter ; car l’effacer revient à tuer une deuxième fois les innocents qui ont subi ses atrocités… quelque que soient les pays.

C’est là tout le pari réussi de Damian Barr !

Merci !

 Note de lisa : Si vous voulez en savoir plus sur cette période, je vous conseille les travaux d’Emily Hobhouse, une infirmière britannique horrifiée par les conditions de vie dans ces camps. Pacifiste et humaniste, elle sera une force vive contre ces camps à cette période.

 

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Titre Tout ira bien

Éditions Cherche Midi

Parution : 27 août 2020

EAN : 9782749164281

Nombres de pages : 384

Prix (à la sortie) : 23€uros

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