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« Le Sang des Mirabelles » de Camille de Peretti (Éditions Calmann-Lévy)

Livre envoyé gracieusement par les Éditions Calmann-Lévy.

Le résumé de l’éditeur :

« Depuis le début de la cérémonie, la tête légèrement penchée en avant, elle avait gardé les paupières baissées comme l’aurait fait une fiancée soumise, mais son corps criait la roideur et l’orgueil. Malgré son jeune âge, il n’y avait en elle aucune douceur, aucune fragilité, aucune enfance. La parfaite beauté de la jeune fille, sa peau d’une pâleur extrême, ses petites mains jointes en prière, la finesse pointue de ses articulations que l’on devinait sous le lourd manteau vert doublé de fourrure, tout cela était tranchant comme la lame d’une épée. »
Au cœur du Moyen Âge, le destin de deux sœurs en quête d’émancipation à une époque vouant les femmes au silence. Un magnifique voyage dans le temps, qui dépoussière le genre du roman historique.

Le contexte de lecture :

Je suis une fidèle des romans de Camille de Peretti dont j’admire non seulement le talent de plume, l’imagination, l’inventivité, mais également la femme qu’elle est.

D’ordinaire, je me rue dès la sortie sur son roman, et, souvent, je le précommande chez mon libraire, mais là, j’ai cédé à l’appel du nouveau roman, deux ans après son détonnant « Blonde à forte poitrine »…

Calmann-Lévy a accepté de m’en faire parvenir un, dédicacé par l’adorable Camille de Peretti (dont je remercie la délicatesse des mots envers moi !) et je n’ai pas résisté à l’ouvrir et le lire dès la réception !

Fan, un jour…

 Le corps du roman :

Comment vous dire ?

L’écriture de Camille de Peretti est (toujours) envoûtante dès les premières lignes. Il est des romans qui sont fluides, captivants et brillants dès la première page ; c’est ainsi !

« Le Sang des Mirabelles » est dans la lignée des ouvrages publiés par cette écrivaine qui pousse toujours plus loin les limites des styles littéraires.

Les lieux, les personnages, le contexte sont plantés, doucement mais sûrement, les uns après les autres. Comme dans la vie de cette châtellenie, des cuisines à la chambre du Seigneur, toutes les personnes interfèrent, s’animent, se dévoilent, s’épanouissent et intriguent.

Voici l’un des points forts de l’histoire de ces deux sœurs, deux jeunes filles qui arrivent dans un autre domaine suite au mariage de l’aînée. Elles sont aussi différentes que complémentaires, aussi intenses l’une que l’autre mais avec divers moyens de l’exprimer.

L’une est la Dame du Seigneur, envoûtante, capable de faire plier n’importe quelle personne d’un simple regard, l’autre plus transparente mais curieuse, en marge, attirée par la médecine, les arcanes et la liberté.

Ces deux jeunes filles offrent alors une vision sur le Moyen-âge à la fois proche de la réalité mais également idéalisé par l’auteur(e) ; le contexte, les manières, les us et coutumes sont ancrés dans la réelle, grâce à un travail de fourmi parmi les thèses médiévales et les recherches faites, mais les noms, les surnoms, les lieux sont inventés, sublimés, même. Les noms d’animaux et les couleurs chatoient et atténuent la violence latente infligée à certains personnages. Les détails sont livrés comme dans un conte, comme un troubadour qui nous chanterait une belle fable.

« Le Sang des Mirabelles » est de ces romans qui vous prennent aux tripes, doucement mais violentement (pour reprendre un terme de l’époque), laissant une trace dans notre cœur.

Et, donc, Lisa ?

J’ai dévoré, adoré et  plongé dans cette histoire qui mêle celles de tous ces personnages qui interagissent dans cette province, ce château, ce pays si proche et si lointain à la fois.

Le Moyen-âge est là, avec sa cruauté, ses codes, ses mets, ses sentiments, ses amours, ses codes, et pourtant, tout le talent de Camille de Peretti est là ; arriver à inventer une histoire avec des noms imaginaires de provinces, de familles nobles, de châteaux, de roi, qui relèvent l’animalité de l’époque, la diversité des couleurs (notamment culinaire), tout en s’ancrant dans cette période moyenâgeuse si intense et passionnante.

Ces portraits de femmes sont incroyablement violents ; que ce soient les deux sœurs Lion ou la sœur souffreteuse et manipulatrice du Seigneur Ours, ou encore la chambrière Manon, toutes montrent la force féminine, les sexes faibles qui peuvent mettre un homme à genou ou régner sur une châtellenie sans que l’on trouve à redire.

Le destin d’Éléonore et d’Adélaïde, aussi différentes soient-elles, est lié, entremêlé, tracé mais les renforcent dans leurs convictions qu’elles ne sont pas faibles, qu’elles peuvent obtenir autre chose, plus grand, plus fort que ce que ces temps-là veulent leur imposer. L’une est subtile, l’autre frontale.

A travers ce roman, on sent poindre la lignée et le destin des femmes jusqu’à maintenant et on comprend qu’à travers les âges, les femmes ont combattu avec les armes de leurs temps pour l’émancipation de notre époque. Petit à petit, pas à pas, elles ont tissé le fil de nos destinées et l’on ne peut qu’en être admiratives (ou tifs ; damoiseaux, vous pouvez l’être aussi !).

« Le Sang des Mirabelles » est intense, fabuleux, empreint d’une force qui vous transperce doucement mais sûrement.

Je ne dévoilerai rien sur les six parties qui s’étalent devant nos yeux, sauf à dire que les femmes ne sont rien sans leurs pendants qui peuvent être à la fois les plus durs mais également les plus « fol ».

Je ne peux que vous conseiller de lire ce roman qui prouve, encore (mais est-il vraiment nécessaire de le signaler, à nouveau ?), le talent de Camille de Peretti qui continue son aventure des genres littéraires.

Car en lisant ses livres, nous nous aventurons vers des histoires, des thèmes, des genres toujours plus divers, forts et émouvants.

Merci donc à Camille pour ce nouveau joyau qui a réjoui mon cœur si attaché à cette période et à la coïncidence incroyable avec mon actuel travail!

***

Titre Le Sang des Mirabelles

Éditions Calmann-Lévy

Parution : 6 mars 2019

EAN : 9782702164914

Nombres de pages : 332

Prix (à la sortie) : 19.50€

 

Reprise d’un article du blog du 6 mars 2018.

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