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Interview de Christian Louis, auteur de « Saloper le Paradis »… de l’art et du cochon !

Dans le cadre d’un Service de Presse des Éditions Fauve, j’ai eu la chance de découvrir ce roman qui m’a interpelé autant qu’il a suscité l’intérêt de mes compagnons de galère des transports en commun de la cité phocéenne…

La couverture a appelé des commentaires souvent drôles ou carrément des photos prises à la dérobée !

J’ai détaillé ma lecture ici, sur mon blog, et un résumé est présent, ici sur le site, mais j’ai eu la chance que l’auteur accepte de m’accorder quelques mots et voici le résultat de nos échanges !

Quand on lit son parcours, cela aurait pu être largement plus long et sûrement radiophonique, tellement, j’aurais aimé le recevoir à la radio ! Je vais en glisser un mot à mes confrères de Liberté FM !

***

Pouvez-vous vous présenter en tant qu’artiste ?

Je suis agrégé d’arts plastiques, après des études à l’Université Paris 8 Panthéon-Sorbonne et aux Beaux-Arts.

Artiste plasticien, je travaille sur la mémoire, sur les signes, symboles et marques, sur la condition humaine, sur l’enfermement par les écrans.

J’expose mon œuvre faite de peintures, de sculptures monumentales (Archétype Agora pour Amnesty International), de photos, de vidéos, d’installations, de performances, aussi bien en France qu’à l’étranger (Italie, Canada, Mexique, Indonésie, Portugal), en musées, galeries d’arts, centres d’arts, mais aussi dans l’espace public.

Professeur en exercice, formateur de professeur, je donne des cours de didactique et des conférences sur l’art, sur l’enseignement des arts plastiques en France et à l’étranger.

Plusieurs rencontres furent déterminantes pour l’approfondissement de mon travail, et en particulier l’écrivain Michel Butor, les critiques d’arts Bernard Teulon-Noailles, Skimao et Egidio Alvaro.

J’associe mon travail plastique à une production littéraire. Mes installations vidéo ont donné lieu à la publication de « Lumière des ombres » dans lequel je raconte les coulisses des plusieurs créations, comment un vécu peut générer une œuvre.  Pour les installations de pots de verre recouvrant des centaines de bouchons de liège sur lesquels je dessine à la plume et à l’encre de Chine, j’ai publié « Stratégie du Regard » fait de photographies et de textes en dialogue.

Toutes ces formes d’expressions sont tissées les unes avec les autres.

Seuls mes romans s’émancipent de ces préoccupations plastiques.

Cela est étonnant et merci d’avoir partagé ce parcours, cher Professeur ! Ce travail sur la condition humaine rejaillit forcément dans votre travail d’écriture. De quelle manière votre art impacte votre façon d’écrire ?

Regarder vivre les hommes, c’est déjà en faire le portrait. Mes premiers n’étaient que des personnes positives, généreuses, altruistes. « La coupe finale » raconte mon coiffeur, ses anecdotes, sa capacité d’adaptation aux clients, sa gentillesse.

Quand il a décidé de prendre sa retraite, de faire sa dernière coupe, sa coupe finale, lui qui, ancien footballeur avait joué des finales de coupe, je fus son dernier client. En cours de coupe, il confia ses ciseaux à sa jeune consœur qui reprenait le salon. Je leur offris un exemplaire numéroté signé du roman.

Le deuxième portrait « Teddy l’américain » raconte un restaurateur singulier, aussi hâbleur que son épouse est souriante. La gentillesse incarnée.

Puis vint « Saloper le paradis » qui lui, fait le portait de pervers dangereux, de personnes toxiques.

Tout s’est passé comme si j’avais voulu donner corps, histoire, espace, vie, à mes images dessinées sur les bouchons de liège de mes installations (Stratégie du Regard). Entrer dans la profondeur de mes images. En explorer les coulisses.

Mon art basé sur l’observation critique du monde et des hommes, de leur façon de vivre, d’entrer en relation entre eux, a généré de la production de textes, non pas descriptifs, mais plus narratifs, intégrant la dimension de la fiction.

D’où vient votre envie d’écrire ?

De l’enfance. Mes grands-parents me racontaient beaucoup d’histoires d’animaux, dans un mélange que je découvrirai plus tard du roman de renard, de Gédéon le canard de Benjamin Rabier, de lieux alentours et de traditions pyrénéennes.

Devenu père, je poursuivis cette tradition en improvisant tous les soirs pendant des années, des histoires pour mon fils et pour ma fille. Je créerai d’ailleurs un album jeunesse avec elle: Anaïs et la chaussure chez Ebla Editions.

Vint le désir de les écrire aussi.

Puis, vint le plaisir de construire, de créer des mondes, des personnages, de mettre à distance des faits vécus.

L’acceptation de mes récits par plusieurs éditeurs et par le public fut une invitation à poursuivre. Le prix national des conseillers pédagogiques pour « La sentinelles des collines » et la demande de manuscrits par plusieurs éditeurs m’ont conforté dans cette démarche fondée sur le plaisir d’écrire, de raconter des histoires, d’embarquer le lecteur.

Votre dernier roman « Saloper le Paradis » (quel bon titre !) traite des nuisances à la campagne, des relations humaines etc. (chronique à lire ici !). Comment avez-vous développé ce sujet ? Est-ce un thème qui vous intéresse tout particulièrement ?

J’observe le monde et les hommes. Je suis toujours surpris pas l’expressivité malfaisante de la méchanceté, de la bêtise et de la violence. Les journaux regorgent de faits divers. J’ai essayé de voir ce qui se cachait derrière l’anecdote, quels mécanismes sont à l’œuvre dans l’élaboration funeste du drame.

Écouter les victimes de nuisances, suivre les débats d’un petit tribunal d’instance. La réalité ne peut devenir fiction tant ce que j’ai vu est extrême, et au fond, peu crédible dans un roman. Pour autant, ces problèmes de voisinage me fournissent des personnages hauts en couleur, qui ne doutent de rien, des tsunamis ruraux. La campagne, par la dispersion de ses habitants permet de mieux voir ce que l’accumulation urbaine cache.

Les victimes se taisent, de peur d’envenimer les situations. Elles souffrent en silence. Cette souffrance est à dénoncer, à mettre en lumière. Quoi de mieux que la fiction ?

J’ai adopté un style quelquefois cocasse, comique, caricatural et cela est bien reçu par nombre de lecteurs qui me disent bien rire à ce récit qui les soulage.

Au fond, ce qui m’intéresse, c’est le débat qui se joue en chacun entre Eros et Thanatos, pulsions de vie et de création, pulsion de mort et de destruction, bienveillance et malveillance. Mes personnages sont des extrêmes dans ces deux tendances. Ils servent mon propos, mais ils existent bien dans la vie réelle. Les témoignages des lecteurs me confirment ce constat, dans ce processus d’identification qui opère en eux.

Vous évoquez les coins perdus, le « paradis » quel est le vôtre ou serait le vôtre ?

J’ai la chance de vivre à la campagne, sur une colline face aux Pyrénées, dans une maison au bord d’une forêt que j’ai achetée pour sauver les chênes plus que centenaires. Je possède aussi une bergerie dans la montagne, au milieu de la forêt, et bientôt, notre chalet de bois sera terminé. Des lieux de calme, de nature.

Mais il a fallu batailler contre ces Momo et Ginette voyant d’un mauvais œil un écrivain sur sa terrasse, travaillant sans faire de bruit.

Aujourd’hui, le calme est revenu mais ce ne fut pas chose facile. Je ne suis qu’un des très nombreux exemples d’urbains installés à la campagne, ne dérangeant personne, ne demandant rien mais en butte à des tracasseries et à des actes de violence. J’envisage d’écrire un livre avec les témoignages qui me sont racontés.

Je n’ai pas traité dans mon roman de ces cas extrêmes, bien réels quoi que très rares mais médiatisés pour leur aspect spectaculaire et ridicule:  l’urbain qui achète une maison face à l’église puis pétitionne pour faire cesser les cloches, ou qui achète à côté d’une ferme puis peste contre le coq, les odeurs, les mouches, le vacancier qui vient en montagne puis proteste contre les sonnailles des vaches, les bruits des grillons, des grenouilles, des cigales. Ces extrémistes du ridicule sont toujours évoqués lorsque des gens calmes essaient de faire comprendre qu’il est des bruits évitables: aboiement des chiens des nuits entières, tondeuses le dimanche lorsque les voisins déjeunent sur leur terrasse. Les victimes sont ridiculisées, se murent dans le silence, souffrent, et développent ensuite des pathologies repérables.

La campagne n’est pas qu’une image de paysage bucolique. Elle est aussi musique poétique des animaux sauvages et domestiques, des travaux des champs, des clochers qui sonnent l’angélus. Mais elle peut aussi cacher des délinquants relationnels imbibés de jalousie, de bêtise, de méchanceté, de violence. De vrais personnages de polars psychologiques…

J’ai été interpelée  par les voisins du cru. Je suppose que ce sont des témoignages réels qui ont conduit à ce déballage de « méchanceté basique » ?

Il existe des êtres dont les pathologies mentales ne sont pas repérables au premier abord. Les pervers narcissiques en font partie, comme le montra Marie-France Hirigoyen dans le harcèlement moral. Ce que je raconte est basé sur des faits réels attestés par de nombreux témoignages et des pièces administratives et juridiques. Seul, le meurtre de la fin est une extrapolation d’un acte de Momo envers un de ses voisins qui n’est, heureusement pas mort du choc de sa voiture.

Dans les témoignages que je reçois, je vois bien qu’il existe très peu de villages ne possédant pas son « dérangé agressif ».

A la suite de mon roman, des personnels de santé ont décidé de créer une association pour donner la parole et plus de poids aux victimes silencieuses.

En tant qu’auteur, comment êtes-vous distribué ? Quelles ont été vos démarches ?

Tous dépendent de l’éditeur.

Chez Fauves Éditions, c’est-à-dire Michalon, le diffuseur en direction des libraires est L’Harmattan. D’autres éditeurs ont d’autres diffuseurs habituels.

« Saloper le paradis » est disponible chez tous les libraires, FNAC, Cultura, Leclerc, Mollat, et tous les libraires indépendants. Il est également vendu par Amazon.

Il existe en version papier et en numérique.

J’ai la chance d’avoir la confiance de plusieurs éditeurs. Pour l’instant, aucun de mes livres n’a pas trouvé d’éditeur.

Quels sont vos projets 2019 ?

J’ai écrit un roman historique qui se passe eu 18ème siècle, qui est en lecture chez plusieurs éditeurs.

Je suis en train d’écrire un roman qui se situe dans une petite ville de province et qui est l’occasion de disséquer les coulisses d’un petit monde très peu connu du grand public. Un univers décapant. Il est presque terminé.

Je suis aussi sur un autre roman, celui-là tout juste ébauché que j’écris en forêt, dans ma bergerie de montagne, au milieu des arbres, à proximité des cerfs majestueux et des biches au port altier et noble. Je veux qu’il soit imprégné de ce climat de bout du monde, dans un coin reculé des Pyrénées.

 

Où pouvons-nous trouver votre travail, outre qu’en librairie ?

Sur les sites des éditeurs, et sur tous les diffuseurs de l’internet.

On peut aussi se les procurer sur les salons du livre qui m’invitent. L’information se trouve sur ma page Facebook.

Bien sûr, il se trouve également dans des médiathèques qui l’ont acheté pour le mettre à disposition de leurs adhérents.

Certains de mes livres sont épuisés (« Place des Artistes », « Les brumes d’ébène », « La sentinelle des collines », etc.). On les trouve donc d’occasion sur internet à des prix dérisoires.

L’occasion de les découvrir !

***

Je remercie Christian LOUIS pour sa disponibilité et la fluidité de nos échanges.

J’espère pouvoir le croiser un jour aux détours d’une librairie ou d’un salon (et pas forcément dans nos cambrousses respectives !).

 

Voici également, pour info, le dernier article de presse publié:

Le roman «Saloper le paradis», présenté par Christian Louis à la librairie du Vent des mots, a suscité un écho et des témoignages qui confirment que la véracité des désagréments et la méchanceté de certains dépassent largement la fiction. Peu sont verbalisés comparé à combien d’autres latents, pernicieux et silencieux, par crainte d’envenimer davantage. À tort, semble-t-il ! Car la moindre intelligence n’a aucune chance face à la méchanceté atavique et malfaisante. Le mauvais voisin existe partout, mais il peut devenir encore plus sournois en milieu rural, pourtant si idyllique ! Brassens écrivait : «Les gens n’aiment pas qu’on suive une autre route qu’eux». La faute impardonnable à l’envahisseur, à l’étranger ! Si différent par sa culture ou par son mode de vie. Qui plus est si par acquisition, il devient résident. On ne comprend pas ! Ou alors si mal la comparaison… Alors, on jalouse, on invente toutes sortes de malfaisances sonores ou nauséabondes tellement idiotes et empoisonnantes. Gare à celui qui ne réagit pas immédiatement ! Christian Louis, d’une écriture limpide, nous conte pas à pas ce cheminement qui peut conduire, hélas ! Jusqu’au drame.

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Titre Saloper le Paradis

Éditions Fauve

Parution : 2 août 2018

ISBN : 979-10-302-0251-9

Nombres de pages : 190

Prix (à la sortie) : 17 euros

6 Comments

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